Vers une destrutions du seuil du Béal près de Roquebrune

La destruction imminente du seuil du Béal, situé entre Puget-sur-Argens et Roquebrune, marque une étape cruciale dans la gestion des inondations et la restauration écologique de l’Argens. Ce barrage, construit à l’origine pour alimenter une tuilerie, est aujourd’hui considéré comme un obstacle majeur à la migration des poissons et à l’écoulement naturel de l’eau, exacerbant ainsi les risques d’inondations dans la région.

L’ouvrage, composé d’un enrochement de 150 mètres de large et cinq mètres de haut, bloque le cours d’eau sur toute sa largeur. Historiquement, il servait à alimenter le canal du Béal pour désensabler le port romain et fournir de l’eau aux moulins et abattoirs de Fréjus. Plus tard, il a été utilisé pour dériver les eaux vers des installations industrielles jusqu’aux années 1960. Aujourd’hui, ces fonctions ne sont plus d’actualité, l’arrosage étant désormais assuré par le canal de Provence.

Malgré les aménagements pour les activités de loisirs comme le kayak, le seuil reste un obstacle écologique. Il perturbe le transport sédimentaire et entrave la circulation des poissons migrateurs, dont certaines espèces sont classées “à enjeu” par l’État, telles que l’anguille européenne, l’alose de Méditerranée et la lamproie marine. Ces préoccupations écologiques ont conduit le Département du Var, propriétaire du seuil, à entreprendre sa démolition dans le cadre du Programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) supervisé par le Syndicat mixte de l’Argens (SMA).

La suppression du seuil du Béal fait suite à celle du Moulin des Iscles en 2020, et vise à créer une passe à bassins successifs. Ce nouvel ouvrage permettra aux poissons de franchir le dénivelé du barrage grâce à une série de petites chutes d’eau et de bassins de repos, facilitant ainsi leur migration. Une attention particulière sera accordée aux anguilles européennes, une espèce en danger critique selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Un dispositif spécifique, la “passe à anguilles”, sera installé pour aider les civelles à remonter le fleuve. Des fils rigides protégeront également les bassins de repos des prédateurs.

La destruction du seuil du Béal est également motivée par la nécessité de réduire les inondations qui submergent régulièrement les terres agricoles en amont et augmentent le risque d’embâcles en aval. En rétablissant la continuité écologique de l’Argens, ce projet ambitionne non seulement de protéger la biodiversité aquatique mais aussi de sécuriser les zones riveraines contre les crues. Cette initiative illustre la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et la volonté d’adapter les infrastructures aux besoins actuels de préservation écologique et de gestion des risques naturels.

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